klimt02
collectif 4+1
Klimt02 : probablement la référence sur le bijou contemporain a consacré un article à propos du collectif « 4+1 » concernant l’exposition « Au delà de la zone de confort » lors de Joya 2018 à Barcelone.
www.klimt02.net/forum/articles/joya-2018-collectif-4-1-ceramic-grace-horler
Quelle serait selon vous la plus grande différence dans vos résultats et dans votre approche?
Nous ne pensons pas qu’il faille parler de différence mais d’identité. La façon dont chacune a appréhendé la forme est en lien étroit avec son propre travail.
Concernant le travail de la matière porcelaine elle-même, mais aussi des autres matériaux utilisés, des techniques choisies, ou de l’approche du sujet, chacune a appliqué sa propre méthode de travail. Chacune a gardé une approche personnelle, et la règle du jeu a produit de la cohérence à l’ensemble. Au final, si l’on doit parler de différence, elle est donc liée à la personnalité de chacune.
Aviez-vous des idées préconçues sur ce que vous souhaitiez que les attitudes / réactions des gens soient vis-à-vis de cette exposition? Que voulez-vous que plus de gens sachent à propos de votre travail?
Nous n’avions aucune idée préconçues sur la réaction du public. Notre volonté était surtout de montrer le processus de création tout autant que les oeuvres produites. C’est pourquoi nous avons expliqué la règle du jeu, montré les moules, et exposé les pièces de façon à montrer les liens entre les pièces produites.
L’idée de transmettre au public l’aspect ludique que nous avons rencontré lors de l’élaboration de nos pièces était très important. Nous voulions proposer nos réponses tout en invitant le public à prendre part au jeu en recherchant à quels moules appartenaient les pièces ou encore en s’interrogeant sur ce qu’aurait pu être leurs propres réponses.
L’exposition se nomme « au delà de la zone de confort » puisque nous devions créer à partir formes qui ne nous appartenaient pas, mais que nous avons dû apprivoiser. La règle du jeu que nous nous étions fixée était tout à la fois un guide, mais aussi nous obligeait à aller vers des « ailleurs ».
Quels obstacles avez-vous rencontrés lors de l’utilisation de la porcelaine? Y a-t-il à certains égards ce comportement qui vous a limité? Y avait-il une raison pour laquelle vous avez utilisé la porcelaine opposée à une autre argile?
La porcelaine est un matériau difficile lié à ses qualités propres (dureté, taux de réduction, déformation…) ; de fait, elle oblige à de nombreux essais. La question de l’anticipation est fondamentale quant on veut utiliser la porcelaine en bijouterie : les éléments techniques liés aux fermoirs, aux liens, aux associations…doivent être pensés en amont.
Notre plus grand souci était de gérer le temps : nous avions 3 mois pour faire les pièces issues du moule. Ce qui peut paraître long, mais qui dans les faits est un temps très court pour apprivoiser une forme venue de l’extérieur, se l’approprier, faire des essais, réaliser les premières pièces, puis les pièces définitives.
La porcelaine a été choisie car c’était notre matière commune (aucune de nous ne travaille la faïence pour les bijoux).
Comment le concept et l’idée de réaliser ce projet ont-ils commencé? Y avait-il une méthode particulière dans qui a envoyé le moule à qui le premier?
Le tout début de cette aventure s’est organisé autour du lien à la porcelaine, qui est une matière qui renvoie à l’idée de production en série. D’où la question du processus de fabrication et donc du moule
Nous étions géographiquement très éloignées ; s’est alors posé la question : comment pouvons nous travailler ensemble ? La réponse est venue assez vite : puisque nous ne pouvions nous déplacer, ce sont les moules qui se déplaceraient.
La dimension précieuse résidait alors dans le moule. Nous étions toujours inquiètes lors des envois, car ils ne devaient surtout pas être endommagés. Quant aux moules ils « tournaient » en même temps : chacune envoyait à l’autre le moule qu’elle avait ; et nous tournions dans le sens inverse des aiguilles d’une montre.
Sur la base d’une rotation arbitraire allant dans le sens des aiguilles d’une montre, chacune envoyait à la suivante son moule de travail et recevait de la précédente un nouveau moule à expérimenter
Y a-t-il eu un accord préalable pour garder la porcelaine blanche et ne pas utiliser de glaçures brillantes ou de feuillets ou s’agissait-il d’une similitude entre les œuvres qui venaient naturellement?
Aucun accord sur la façon d’utiliser les formes : nous avions totale liberté quant au traitement de la porcelaine et des autres matériaux utilisés. Donc, pas de règle non plus concernant la couleur. L’utilisation du noir et blanc choisi en grande partie par chacune d’entre nous a été une complète surprise au final.
C’est une réflexion que nous nous sommes faites lors de la découverte du projet dans sa totalité.